Cigarette électronique : y a-t-il une « psychologie du fumeur » ?

De nombreuses études ont tenté de faire le lien entre la propension de l’individu à fumer du tabac sur le long terme et ses traits de caractère. Dans cet article, nous revenons sur les conclusions les plus éloquentes à ce sujet, avec un focus sur la place de la cigarette électronique dans la lutte contre le tabagisme.

Cigarette électronique : quel lien entre tabac et personnalité ?

Depuis que la dimension addictive de la cigarette à tabac a été découverte, des études ont tenté de trouver un lien entre la personnalité des fumeurs qui n’arrivent pas à arrêter le tabac et l’addiction. Cette recherche a évolué à mesure que les modèles d’appréhension de la personnalité ont changé :

  • Le modèle de la personnalité de Cloninger, inventé en 1987, qui fait écho à des théories biologiques. Ce modèle postule en faveur de 4 dimensions de la personnalité qui sont toutes héritables, à savoir la recherche de nouveauté, la tendance à éviter le danger, la recherche de récompense et la persistance ou détermination. Ces quatre grandes dimensions ont été associées à des neurotransmetteurs bien déterminés, notamment la dopamine et la noradrénaline ;
  • Le modèle de la personnalité de Eysenck, inventé en 1991. Comme le modèle de Cloninger, cet outil repose sur des données biologiques héritables. Il postule en faveur de deux dimensions de la personnalité : extraversion et introversion, puis névrosisme relatif à la stabilité émotionnelle de l’individu ;
  • Le modèle dit « Big Five » de Costa et McCrae, inventé en 1992. C’est l’outil d’évaluation de la personnalité le plus utilisé depuis le début des années 1990. Il repose sur 5 grandes dimensions d la personnalité : le névrosisme, l’extraversion, la curiosité ou l’ouverture, la conscience et l’agréabilité (tendance à être sympathique avec autrui).

Les résultats des tentatives de lier la propension de l’individu à fumer sur le long terme à sa personnalité varient en fonction du modèle pris en considération. Voici quelques conclusions intéressantes :

  • Une revue de 25 études a conclu qu’il y avait des différences de personnalité fondamentales entre les fumeurs et les non-fumeurs. Les premiers seraient à la fois plus extravertis et plus névrosés que les seconds. Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que le besoin de nicotine, puis la satisfaction de ce besoin, active la production de dopamine, ce qui peut expliquer la propension des fumeurs à l’extraversion et aux relations sociales plus riches. La cigarette électronique devrait produire le même effet mais à moindre mesure, car elle contient moins de nicotine si elle est utilisée dans l’objectif du sevrage tabagique ;
  • Une étude de corrélation entre le tabagisme et les traits de personnalité réalisée par l’équipe du docteur Shadel en 2004 a démontré que plus le fumeur est créatif, curieux sur le plan intellectuel et enclin à explorer de nouvelles expériences, plus il sera motivé à arrêter le tabac. La cigarette électronique pourrait être d’une aide précieuse à ces personnalités qui sont moins susceptibles de l’utiliser sur le long terme ;
  • Enfin, une étude longitudinale menée par le chercheur P. Welch en 2009 a démontré que les fumeurs persistants affichent des scores élevés dans les variables « aliénation » et « névrose » dans le modèle d’évaluation de la personnalité « MPQ ».

Comment la cigarette électronique aide les fumeurs à arrêter durablement ?

Parce que le sevrage tabagique est aussi une question de santé mentale, le fumeur doit veiller à ménager ses émotions pendant la phase de consommation dégressive de la nicotine jusqu’à l’arrêt durable. La cigarette électronique, qui épargne au fumeur les centaines de substances chimiques toxiques et cancérigènes que l’on retrouve dans le tabac (goudron, monoxyde de carbone, métaux lourds), permet de moduler la concentration de nicotine dans le e-liquide pour un sevrage qui préserve la santé mentale du fumeur. Un sevrage progressif et en douceur, comme le permet la cigarette électronique, minimise l’impact du manque sur la personnalité de l’ex-fumeur.